Le 27 novembre 2025, nous étions plus de cinquante à nous réunir autour d’un sujet qui touche autant les entrepreneurs que celles et ceux qui les accompagnent : comment aider des personnes à entreprendre sans les pousser vers l’épuisement, parfois malgré nous ?
Cette conférence-table ronde avait un objectif clair :
ouvrir un espace de réflexion lucide et collective sur l’impact de nos pratiques d’accompagnement, et sur ce qu’elles produisent réellement sur le terrain.
Et ce débat tombe à un moment particulier.
Alors que le gouvernement belge annonce vouloir remettre à l’emploi 100 000 personnes en incapacité de longue durée d’ici 2029, nous ne pouvons plus faire l’impasse sur une réalité : le rapport au travail et à la santé est en pleine mutation, et l’entrepreneuriat n’échappe pas à la crise.
Pourquoi cette conversation est urgente
Depuis longtemps, les structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat jouent un rôle essentiel : elles soutiennent l’innovation, accélèrent les projets, sécurisent les parcours.
Mais aujourd’hui, une tension devient visible :
- Les entrepreneurs arrivent plus fragilisés.
- Les burnouts augmentent autant chez les indépendants que chez les salariés.
- La pression économique, sociale et émotionnelle n’a jamais été aussi forte.
- Et nos modèles d’accompagnement, souvent très performatifs, n’ont pas été conçus pour ce contexte.
Dans un pays où l’on veut “remettre à l’emploi” des dizaines de milliers de personnes déjà fragilisées, nous devons absolument nous demander :
👉 Nos pratiques actuelles sont-elles vraiment soutenantes ?
👉 Préparent-elles à une activité durable… ou à un nouveau risque d’effondrement ?
👉 Aident-elles les entrepreneurs à construire un projet viable sans sacrifier leur santé mentale ?
L’enjeu n’a jamais été aussi clair.
Une table ronde pour questionner le cadre, pas pour dénoncer
J’ai choisi de réunir des invités issus d’horizons différents: Emmanuelle Ghislain, Cynthia Luca, Thomas Thirion, chacun avec sa réalité, ses contraintes, son quotidien pour éviter les discours théoriques.
Nous ne voulions ni opposer les visions, ni pointer du doigt.
Ce que nous avons ouvert, c’est un espace de transparence :
- Où l’on peut reconnaître que certains messages accélèrent trop.
- Où l’on peut voir comment certains dispositifs créent des attentes irréalistes.
- Où l’on peut admettre que la santé mentale n’est pas encore pleinement intégrée dans l’accompagnement.
- Où l’on peut aussi valoriser les structures qui, déjà, bougent les lignes.
Car la question n’est pas : “faut-il ralentir ?”
La question est : comment construire un entrepreneuriat qui ne détruit pas celles et ceux qui le portent ?

Le cœur du message : repenser l’accompagnement pour qu’il devienne réellement durable
Sans dévoiler les échanges, voici l’essentiel :
l’accompagnement entrepreneurial doit évoluer.
Pas pour être “plus doux”.
Pas pour être “moins ambitieux”.
Mais pour être plus juste, plus réaliste, plus humain.
Le slowpreneuriat n’est pas une méthode qui impose une cadence.
C’est un cadre qui interroge :
- la soutenabilité des rythmes,
- la viabilité émotionnelle,
- l’impact des injonctions sur les parcours,
- la place laissée à la santé mentale dans les trajectoires entrepreneuriales.
À l’heure où la Belgique prépare un plan pour réintégrer 100 000 personnes fragilisées dans le monde du travail, notre responsabilité collective est immense.
Il ne s’agit plus seulement de “former” ou de “booster” des entrepreneurs.
Il s’agit de leur permettre de bâtir un projet viable sans s’y perdre.
Ce n’était pas une fin, c’était un point de départ
Je ne révélerai pas les interventions, elles appartiennent à celles et ceux qui étaient présents.
Mais je peux déjà dire que :
- il existe un réel désir de changer les pratiques ;
- les acteurs du secteur sont prêts à collaborer ;
- les entrepreneurs réclament un accompagnement plus responsabilisant et moins oppressant.
Cette soirée marque le début d’une conversation nécessaire, que nous porterons en 2026 avec :
- de nouvelles conférences,
- des formations dédiées aux incubateurs et structures d’accompagnement,
- des espaces d’échange entre professionnels,
- et des outils pour intégrer la santé mentale au cœur des pratiques.
Merci à toutes les personnes présentes
Merci pour votre attention, votre engagement, vos questions, votre courage.
Le changement ne se décrète pas il se construit ensemble.
Et jeudi soir, nous avons posé les premières pierres.
La suite arrive.
Et elle sera collective.